Vendredi 6 mai 1975
Marie continue d'avancer malgré le poids des sacs. Elle vie des moments de joie, son sourire illumine le quartier ! Personne ne pense à elle , mais elle s'en fiche.
La chaleur ne cesse d'étouffer les villes. Les routes souffrantes lentement s'évanouissent dans les mirages d'horizon.
un voile autour des épaules , la main rougie par son cabat, marie gravit les marches , traînant son ventre rempli de ce bonheur grandissant. aujourd 'hui elle pense pouvoir se reposer un peu , mais tant de choses à faire , se dit-elle souvent.! Elle ne peut arrêter de marcher, de bouger, de laver, récurer.
Ce matin , elle décide d'écouter de la musique, mettre une symphonie , un ballet; De sa main elle cherche un vieux disque dans le placard du haut, tâtonne, étire de toutes ses forces le bras. Son ventre appuie sur le coin du meuble, s'écrasant, lui faisant mal. elle grimace . Quelque chose y bouge ! De l'autre main, elle le maintient comme pour le protéger.
D'un dernier effort , elle se redresse sur la pointe des pieds. Prendre ce disque est plus qu'important pour elle.
L'attrapant, elle relâche progressivement la tension qui la tenait raide , verticalement , perchée sur des pointes de ballerines, et tout cela dans une grâce et une beauté d'élégance, dénonçant une fragilité malgré sa grossesse.
Marie avance , légèrement essoufflée, tenant comme le plus précieux des bijoux , une pochette de disque vinyle 33 tours !
Elle approche le visage de la pochette et par pulsion souffle de petites bouffées d'air pour en chasser la poussière, laissant découvrir
"Boléro" de Ravel .
Un vieux tourne disque fergusson siégeait non loin de là , protégé par un napperon usé et grisé par le temps des années . Elle ouvre le couvercle transparent de l'appareil, sort de sa pochette le vinyle, le retourne et le coince entre le bout de ses doigts.
Un silence s'installe , le souffle reposant de la femme ennivrait l'espace, .. un parfum de bonheur et de mélancolie s'épanouissait dans les airs.
Marie soulève le bras et enclenche l'électrophone. Clic -clac..
.. elle retourne d'un pas vif s'asseoir comme pour ne pas manquer les premières notes; Le sillon vierge annonçait l'ouverture de la symphonie.
Les premières notes résonnaient dans la pièce, marie le visage illuminé, fermait les yeux, reposant les sons dans son esprit , écoutant les émotions, respirant chaque note;
Une main posée sur son ventre , donnant la chaleur maternelle, elle prononça une phrase:
" Écoute mon fils..."
Et elle ne dit plus rien pendant les 17 minutes que durait cette musique... !!!
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Mardi 15 juillet 1975
Ce jour de repos, Marie demande au médecin si elle pourrait écouter de la musique dans la chambre de la maternité.
" Bien sûr madame, mais nous n'avons pas d'appareil..!"
"non non mais mon mari a ce qu'il faut .. ! Michel tu peux le ramener !!" dit-elle en s 'adressant à un homme non loin de là .
Quelques heures plus tard...
Une musique commence, nous pouvons entendre les hautbois fleurirent lentement dans cette chambre silencieuse.
Un souffle accompagnant une main se repose sur un berceau.
" Écoute mon fils, cette musique est pour toi mon fils. .. que sa beauté inspire ta vie mon petit Reynald ! ".
à suivre ...